Capitaine Phillips

Réalisé par Paul Greengrass, 2013

Durée : 02h14

Avec sa saga Jason Bourne entamée avec La mort dans la peau en 2004, Paul Greengrass a démocratisé à Hollywood un nouveau style de cinéma d'action filmé caméra à l'épaule que l'on appelle la shacky-cam. Comme son nom l'indique, il s'agit d'une réalisation (très) nerveuse et très mouvementée qui privilégie le "cinéma vérité" par son approche technique proche du documentaire. Paul Greengrass persiste et signe dans cette veine avec Capitaine Phillips, film tirée de faits réels sur la prise d'otage d'un navire de commerce américain au large de la Somalie.

Parlons justement en premier lieu de cette technique de réalisation. Alors qu'elle pouvait être ressentie comme trop agitée sans ses précédents films et que le spectateur épileptique risquait sa vie en allant voir La mémoire dans la peau, cette caméra à l'épaule est au contraire parfaite pour un film comme Capitaine Phillips qui se veut justement réaliste. Les difficiles conditions de vie des marins durant ces longues traversées sont parfaitement retranscrites. Le film peut se diviser en deux parties distinctes. La première heure nous propose un véritable jeu du chat et de la souris jouissif entre le capitaine du navire et les pirates qui cherchent à monter sur l'embarcation puis qui traquent les éventuels trésor cachés dessus. Tom Hanks qui campe ce capitaine présente une composition tout en retenue et en justesse à la limite de l'anti-héros antipathique et froid. La manière dont lui et son équipage baladent les pirates somaliens est un vrai régal accompagné de scènes qui font monter la pression entre les protagonistes et pour le spectateur. La deuxième partie du film ne concerne plus que le capitaine et les pirates dans un huis clos étouffant. Le jeu de Tom Hanks prend toute son ampleur dans cette dernière heure dramatique où la tension grandissante fait penser à l'excellent final d'Argo. Ce huit clos intime nous permet d'en savoir plus sur le véritable motif des pirates et apporte son lot d'explication sur leur action. Nous pouvons regretter que ces pirates apparaissent trop caricaturaux (le leader plus intelligent que les autres, le gros dur impulsif, le plus jeune forcément influençable etc...) Même dans un final qui aurait pu être très spectaculaire, Paul Greengrass privilégie le réalisme et la proximité avec les acteurs et on ne peut que lui donner raison tant le spectateur est happé par cette réalisation. Même si le film connait des petits coups de mou par moment l'ensemble reste très vivant et jamais ennuyant. Un dernier mot pour saluer l'évolution de Tom Hanks dans ce film qui est véritablement bouleversant sur la fin. Capitaine Phillips nous permet de retrouver cet immense acteur et se rappeler qu'il était l'un des meilleurs dans les années 90.

Capitaine Phillips est un film tiré d'une histoire vraie  remarquablement mis en scène et formidablement interprété par un Tom Hanks revenu au sommet de sa forme. La réalisation caméra à l'épaule sert parfaitement le propos et nous embarque dans un mano a mano passionnant entre ce capitaine isolé mais digne et ces pirates cruels mais naïfs et déboussolés. Sans jamais diaboliser les somaliens ni glorifier les américains, Paul Greengrass réussi une oeuvre maitrisée non dénuée de petits défauts mais passionnante.

Les +

• La réalisation idéale pour ce genre de propos
• Tom Hanks, émouvant et parfait

Les - :

• Des pirates caricaturaux
• Quelques temps morts

Note : 7 / 10