Le monde fantastique d'Oz

Réalisé par Sam Raimi, 2013

Durée : 02h07

Le magicien d'Oz est l'un des films les plus connus du septième art et parait-il le plus visionné dans le monde. Véritable institution aux Etats-Unis, l'oeuvre datant de 1939 est tirée du livre éponyme écrit en 1900. Le magicien d'Oz fut l'un des premiers films en Technicolor au même titre qu'Autant en emporte le vent la même année. Bien que culte, le film original souffre d'une réalisation plate et convenue et surtout d'un visuel aujourd'hui très démodé, limite caricatural. Les studios Disney ont donc décidé de rajeunir la franchise avec l'aide de Sam Raimi, M. Spider-Man et Evil dead.

Le monde fantastique d'Oz prend racine des années avant les évènements du film original, nous narrant l'arrivée du magicien dans le pays d'Oz et son "accession" au pouvoir. Sam Raimi s'est clairement amusé durant le tournage de cette oeuvre en proposant au spectateur un véritable grand-huit visuel, un feu d'artifice de couleurs et de superbes paysages imaginaires. Le premier 1/4h du film est tourné en 4/3 et en noir et blanc ; ce n'est que lors de l'arrivée du magicien au pays d'Oz que l'image s'étire en 16/9e et se colorise. Après cet interlude fort réussi en noir et blanc le passage à la couleur et un merveilleux moment. Les couleurs chatoyantes explosent et le monde imaginaire de Sam Raimi illumine l'écran. Cette arrivée en fanfare dans ce nouveau monde n'est pas sans rappeler celle d'Alice au pays des merveilles de Tim Burton. L'analogie "chute dans un trou sans fond / chute au coeur d'une tornade" et la découverte quasi-similaire des lieux est frappante. Heureusement, contrairement à Alice, ce n'est pas la seule bonne scène du film. Autre forte similitude entre les deux films : la bande-son. Sam Raimi s'est entouré de Danny Elfman (comme sur Spider-man), le compositeur inséparable de Tim Burton. Sa partition bien que parfaite pour ce genre de film ressemble beaucoup trop à ce qu'il a déjà fait auparavant. La belle mélodie de la boîte à musique est par exemple un copier-coller d'un des thèmes des Noces funèbres de Burton. Il n'empêche que Raimi a su faire un film qui possède sa propre identité et son propre univers, bien plus réussi qu'Alice.

Pour l'accompagner dans ce monde merveilleux, le réalisateur a fait appel au jeune James Franco qui excelle dans sa composition presque caricaturale du magicien et à un casting féminin de charme : Mila Kunis, Rachel Weisz et Michelle Williams, excusez du peu. Malheureusement, même si Mila Kunis s'en sort plutôt bien jusqu'à son changement d'aspect, les deux autres actrices ne parviennent pas à être crédibles et tombent rapidement dans le stéréotype du personnage Disney (la bonne et la mauvaise sorcière aka la blonde et la brune). En parlant de Disney, on peut fortement regretter l'avalanche de bons sentiments et de morale dans la deuxième partie du film. Tandis que la première heure est un émerveillement total sans temps morts, la seconde bascule dans du bla-bla inutile et long et dans des personnages stéréotypés. On reconnait par moment la patte "Evil dead" de Sam Raimi quand on hésite entre la fascination ou le ridicule (notamment vis à vis de la transformation de Mila Kunis). Le film en ressort plombé et c'est bien dommage tant on aurait aimé voir la qualité de la première heure sur l'intégralité du long-métrage.

On pourrait penser que le monde fantastique d'Oz n'est qu'une (très) belle coquille vide. Ce n'est pas tout à fait le cas. L'histoire bien que très simpliste révèle des seconds rôles agréables (le singe volant et la poupée de porcelaine) et des scènes spectaculaires. Au final ce film mérite le coup d'oeil dans une salle obscure rien que pour ses décors, son passage en couleur et certains de ses personnages. Une légère déception mais un bon divertissement malgré tout.

Les +

• Les décors splendides, la photographie
• La première 1/2 heure merveilleuse et le passage en 16/9e bluffant
• James Franco au sommet de sa forme
• Une bande-son de Danny Elfman parfaite pour ce film...
  

Les - :

• ... mais beaucoup trop proche de ses précédentes partitions
• Un casting féminin raté
• Beaucoup trop de discours et de scènes "made in Disney" dans la dernière partie

Note : 6,5