A la volée : Sleepers, Gothika, Hunger Games l'embrasement, Tron l'héritage

Réalisé par Barry Levinson, 1996

Sur le papier Sleepers avait tout pour séduire : un réalisateur auteur de films devenus cultes tels que Good morning Vietnam ou Rain man, un casting d'envergure (Brad Pitt, Robert de Niro, Kevin Bacon, Dustin Hoffman !), une histoire traitant de sujets forts (la pédophilie et la vengeance) et même une musique signée par John Williams. Le film démarre sous les meilleurs hospices grâce à une ambiance oppressante et fascinante. Le spectateur est pris aux tripes par l'histoire de ces quatre jeunes adolescents maltraités par les gardiens du centre de redressement. Parmi ces gardiens il faut souligner l'excellente performance de Kevin Bacon en tortionnaire sadique et pervers. Malheureusement après cette très bonne première heure le film se poursuit une quinzaine d'année après et là tout se dérègle. Les quatre gamins sont devenus des adultes et deux d'entre eux vont tenter de se venger de leurs tortionnaires d'enfance. L'ambiance perd alors nettement en intensité et un second film débute avec comme fil conducteur la vengeance. Malgré de bonnes séquences (celles au tribunal en premier lieu) le film s'enlise dans des évènements très peu crédibles comme cet ancien gardien qui avoue tout en cinq minutes lors du procès alors qu'il est juste témoin dans l'affaire ! John Williams bombarde la pellicule de musique mielleuse pas franchement indispensable. Enfin, même si le casting est costaud seul Kevin Bacon tire réellement son épingle du jeu, les autres acteurs ne sont pas au diapason. En bref Sleepers était un film ambitieux qui aurait pu être un grand film sur un sujet délicat. Mais au lieu de cela cette oeuvre est minée par un second acte très mal maitrisé qui s'étire en longueur.

Note : 5,5 / 10

Réalisé par Mathieu Kassovitz, 2004

Pour sa première réalisation outre-Atlantique, Mathieu Kassovitz s'est entouré de noms prestigieux. Joel Silver (LE producteur d'Hollywood, aux commandes de centaines de films depuis les années 80), Robert Zemeckis en second producteur et surtout des acteurs renommés : Halle Berry, Robert Downey Jr et Pénelope Cruz. Malgré tous ces noms ronflants et une bande-annonce mystérieuse et alléchante, Kassovitz ne parvient jamais à faire décoller son oeuvre et se contente de livrer un film sage et formaté. Malgré quelques trouvailles visuelles sympathiques le réalisateur oscille sans cesse entre son propre univers très particulier et la norme hollywoodienne du genre. La première demi-heure plonge vraiment le spectateur dans un flou calculé et une intrigue intéressante mais malgré sa courte durée (à peine plus d'une heure et demie) le scénario s'étiole très rapidement et laisse place à des effets vus et revus qui banalisent la peur et à des révélations beaucoup trop nombreuses. Au final Gothika s'avérait prometteur mais déçoit fortement jusque dans son final tiré par les cheveux. Ce film se contente de pomper toutes les productions du genre sans apporter de nouveautés, ce qui en fait une oeuvre aussitôt visionnée aussitôt oubliée.

Note : 4 / 10

Réalisé par Francis Lawrence, 2013

Après un premier opus franchement dispensable, voici sa suite. Cette suite est censée être plus mature, plus sombre, plus adulte, ce qui en soit n'était pas bien compliqué. Autant vous le dire de suite, le défi n'est pas réussi, pas totalement en tout cas. Que ce film est bavard ! Bavard pour ne rien dire en plus. Des dialogues interminables pour brasser du vent, pour avoir une pseudo-réflexion (dois-je retourner dans l'arène ou pas ?) alors que tout le monde sait dès le début qu'elle va se replonger dans le jeu. L'histoire d'amour ridicule du premier film ne s'arrange guère et son "amoureux" n'est toujours pas crédible. De plus, ce qui faisait la force du premier (l'arène) n'arrive qu'à la toute fin du film, qui dure 2h26 ! Et quand cette séquence arrive enfin il n'y a rien de vraiment exaltant ni novateur. Le scénario est couru d'avance. Le message concernant la violence qui devient un divertissement dans notre société est appuyée mais rien de neuf par rapport au film de de 2012 ou par rapport à son grand frère japonais Battle Royale. Hunger Games reste une saga pour adolescents totalement superficielle et prévisible. Comme pour le premier opus, ce long-métrage est sauvé par son final plus vitaminé se déroulant dans l'arène, même si le tout reste perfectible.

Note : 4 / 10

Réalisé par Joseph Kosinski, 2010

Joseph Kosinski aime les films fantastiques qui possèdent une forte empreinte visuelle et une vraie identité. Tron l'héritage fut son premier long-métrage mais il a ensuite réalisé l'envoûtant Oblivion 3 ans plus tard. Tron l'héritage prend la suite directe d'un film de 1982 devenu culte pour bon nombre de spectateur mais qui a terriblement mal vieilli. Celui de 2010 se voulait être une révolution. Une révolution avant tout visuelle et sonore, avec les technologies de l'époque et une bande-son 100 % Daft Punk. Il faut rappeler que ce film se déroule dans un programme informatique. Le réalisateur mise donc tout sur l'esthétique : 90 % des décors du film ne sont pas réels. Ceci possède  un gros avantage qui est à la fois un inconvénient : il faut que le spectateur rentre dans cet univers totalement artificiel, sous peine d'être totalement déconnecté des enjeux passablement ridicules du film. La BO est indissociable de l'oeuvre (qui est finalement presque un film musical) et s'avère réussie bien que répétitive par moments. Certaines scènes (la course de motos par exemple) sont splendides et l'ensemble visuel est cohérent. Tout cela serait très exaltant s'il ne fallait pas tenir compte du scénario et des acteurs. Plus que classique, le scénario est famélique pour une oeuvre de cette ambition. Les acteurs sont totalement à côté de la plaque, notamment Olivia Wilde qui n'est vraiment là que pour sa plastique et rien d'autre. Mais que dire de la version "jeune" de Jeff Bridges totalement ratée ? Son design de cinématique de jeu-vidéo est indigne d'une grosse production de 2010. Au final Tron est une belle enveloppe totalement vide, dénuée d'intérêt autre que visuel et sonore. Mais ce n'est déjà pas mal.

Note : 5 /10