Night call

Réalisé par Dan Gilroy, 2014

Durée : 01h57

Los Angeles est une ville qui attise bien des fantasmes, à commencer par ceux des cinéastes. La cité des anges est le théâtre de bon nombre de long-métrages et plus particulièrement certains se déroulant en grand partie de nuit. Il faut dire que cette ville possède une ambiance envoûtante et un charme bien particulier une fois le soleil couché.

Night Call nous propose de suivre Lou, un solitaire avide d'argent et de célébrité qui va commencer à se faire un nom en filmant des scènes spectaculaires pour les journaux télévisés (incendies, accidents de voiture, braquages etc...) tout en essayant de devancer les forces de l'ordre et les pompiers. Sa course au scoop va le mener loin, à la frontière de la légalité. Avec son budget dérisoire Night call se veut avant tout être un film qui dénonce la course à la surenchère que les médias se livrent. Plus l'histoire est sordide ou sanglante plus l'audimat sera élevé, peu importe l'éthique ou la pudeur. A cet égard le film remplit parfaitement son rôle. Il est également une critique non-dissimulée de l'état d'esprit carriériste poussée à l'extrême qui gangrène notre société actuelle, toujours avide de plus de pouvoir et d'argent. Enfin, le plus intéressant reste le personnage troublant de Jack Gyllenhaal qui tient ici l'un de ses meilleurs rôles et confirme sa prédisposition pour les thrillers sombres et tortueux (Zodiac, Prisonners, Enemy). Alors que Night call aurait pu être un grand film il est malheureusement plombé par des défauts irritants. La BO déjà, totalement ratée et en décalage totale avec les images et le personnage principal. Au lieu de faire doucement monter le rythme cette musique légère et dénuée de toute intensité sort le spectateur des enjeux du film. Pour preuve, l'impressionnant troisième quart du film se déroule quasiment en intégralité sans aucune musique. Et c'est de loin la meilleure séquence. La manière dont est traité Jack Gyllenhaal est par moment maladroite, surtout au tout début du long métrage quand on découvre directement un côté sombre de ce personnage. Finalement dévoiler cela dès le début enlève toute surprise quand à la réelle personnalité de ce dernier et en conséquence on se doute plus ou moins de l'issue de l'oeuvre.

Tout comme Collateral ou plus récemment Drive, Night call se sert de la chaude ambiance de Los Angeles by night pour dérouler un thriller à la fois grisant et décevant. Décevant dans sa première partie trop maladroite puis grisant dans un final haletant et superbe qui vaut à lui tout seul la vision de ce film. Au milieu de tout cela Jack Gyllenhaal campe avec brio ce personnage obsédé par l'argent et sa carrière au point de totalement délaisser toute relation amicale. Critique acerbe des médias de plus en plus voyeuristes, Night call nous plonge au coeur de ce rouleau compresseur implacable. Pour son premier film Dan Gilroy impressionne malgré le léger sentiment d'inachevé qui demeure, notamment dans le traitement de son personnage principal.

Les + :

• Jack Gyllenhaal
• Le cynisme et l'humour noir
• La séquence finale

Les - :

• La première partie imparfaite
• Le traitement de Jack Gyllenhaal
• La bande-son très décevante

Note : 6,5 / 10