American bluff

21 février 2014 5 21 /02 /février /2014 10:02

Réalisé par David O.Russel, 2014

Durée : 02h18

David O. Russel est le nouveau réalisateur à la mode à Hollywood depuis Fighter et surtout depuis le feel-good movie oscarisé Happiness Therapy. American bluff s'impose donc tout naturellement comme l'un des grands favoris des Oscars 2014 (pas moins de 10 nominations !) : un réalisateur dans l'air du temps, un casting très hype et un scénario rocambolesque tirée d'une histoire vraie. Alors ce film déjà plébiscité aux BAFTA et aux Golden Globes mérite-t-il ce déluge de récompenses ?

Le plan d'ouverture qui doit durer trois bonnes minute sur un Christian Bale qui lutte pour dissimuler sa calvitie devant son miroir plante le décor : ce film ne sera pas vraiment sérieux mais plutôt dans l'exagération et le non-sens. Et c'est effectivement ce que le réalisateur souhaite imprimer comme leitmotiv de son oeuvre. Le scénario "historique" d'un couple d'arnaqueurs qui vont réussir à bluffer le FBI n'est qu'un prétexte à une débauche de poudre aux yeux assez remarquable. En effet David O.Russel possède cette qualité de façonner des films "à acteurs" en se focalisant quasi-exclusivement sur le jeu de ces derniers tout en reléguant le scénario au second plan. Cela avait très bien fonctionné pour Happiness Therapy qui était porté par son brillant duo d'acteurs mais cela ne prend pas du tout pour American bluff. Tout est dans l'exagération : les costumes flamboyants, les musiques omniprésentes et la démonstration de mise en scène douteuse dans la première heure de film avec des mouvements de caméra franchement dispensables. Le film dure 02h18 mais ne devient intéressant qu'à partir du 3e tiers ! Les deux premiers tiers sont extrêmement longs, répétitifs et ennuyants, on ne comprend quasiment rien au scénario mais après tout peu importe vu que visiblement le scénario n'est pas le plus important... Il est vrai que les acteurs s'en donnent à coeur joie pour donner vie aux années 70 et on ne peut que s'incliner devant la reconstitution de cette époque. Christian Bale est surprenant avec ses kilos en trop et sa santé fragile, Bradley Cooper fait du Bradley Cooper avec ses yeux bleus et son sourire bright tandis qu'Amy Adams traverse le film à grand coup de décolletés et de poses langoureuses. Quant à Jennifer Lawrence, son rôle de mère au foyer un tantinet dérangée n'est qu'une pâle copie de son rôle d'Happiness Therapy. Dans sa globalité le casting s'appuie plus sur ses costumes et sa plastique que sur son jeu. A l'image du film.

American bluff porte bien son nom. Le réalisateur essaye de nous bluffer pendant plus de deux heures en déployant toute une batterie d'artifices : costumes et musique bien vintages, acteurs grimés trop caricaturaux pour être crédibles et scénario en berne. Au final malgré quelques rares scènes sympathiques ce film s'avère beaucoup trop bavard, misant trop sur un emballage clinquant et un alignement de stars "hypes". Mais dans toute cette débauche de moyens David O.Russel en oublie le principal : proposer un divertissement cohérent et intéressant.