Dallas buyers club

Réalisé par Jean-Marc Vallée, 2014

Durée : 01h57

Au risque de me répéter, je suis admiratif du virage artistique effectué par Matthew McConaughey depuis 2/3 ans. Il faut dire que passer de Playboy à saisir ou Hanté par ses ex à Killer Joe, Mud ou Dallas buyers club avec une facilité déconcertante a de quoi impressionner. Qui pouvait imaginer il y a encore 3 ans que Matthew serait l'un des favoris aux Oscars et déjà lauréat du Golden Globes du meilleur acteur ? Pas grand monde.

Dallas buyers club nous place au coeur de l'Amérique profonde des années 80. Au Texas, Ron Woodroof (McConaughey) a tout du cow-boy cutéreux de base. Sa vie alterne entre le rodéo, l'alcool, le sexe et la drogue. Jusqu'au jour où il est diagnostiqué séropositif et que le corps médical lui donne encore 30 jours à vivre. D'abord résigné, il va ensuite se rebeller contre la médecine américaine et va tenter avec succès de recourir à un traitement plus "naturel" et surtout plus efficace. Il va alors se dresser contre les autorités pour prouver du bien-fondé de sa méthode en créant le Dallas buyers club. Autant le préciser tout de suite, ce film n'aurait pas été le même sans la performance incroyable de Matthew McConaughey. Au-delà de sa transformation physique radicale (il est ici très maigre, arborant un look de vrai cow-boy texan ravagé par la drogue et la maladie), il est l'âme de cette oeuvre et transcrit à merveille toute la palette d'émotion que le réalisateur canadien souhaite exprimer à l'écran. Dallas buyers club possède plusieurs lectures. La vision du SIDA par les autochtones de l'époque est certes surannée (maladie réservée aux gays, etc...) mais il est toujours bon de rappeler que cet état d'esprit qui semble aujourd'hui moyenâgeux était persistant il y a seulement dix ou vingt ans au sein de la plus grande puissance mondiale. Et il doit toujours être d'actualité dans certains endroits... Mais la véritable trame reste le combat acharné du héros contre les diktats de la médecine moderne et le lobbying des grands groupes pharmaceutiques qui imposaient leurs produits au détriment de la santé des patients (thèmes malheureusement toujours ancré dans l'actualité également). Rappelons que ce film est tiré d'une histoire vraie. Ron va alors mener ce combat en même temps que sa propre lutte pour rester en vie et ses idées reçues sur cette maladie vont rapidement changer, notamment grâce à l'apparition dans sa vie d'un transsexuel interprété par le trop rare Jared Leto (dont le dernier film notable était Mr Nobody, sorti il y a 5 ans déjà). Totalement possédé par son rôle, Jared Leto est méconnaissable et sa déchéance physique est terrible. Cela dit sa performance bien que marquante est surtout due à son physique surprenant et non seulement à son jeu d'acteur, aussi bon soit-il.

Enfin, il est de bon ton de noter que le réalisateur ne tombe (presque) jamais dans le tire-larmes classique bien que le sujet s'y prête pourtant à merveille. Il préfère se concentrer sur le combat du personnage principal et sur son évolution plutôt que de s'apitoyer sur son sort. On peut cependant regretter une mise en scène qui n'a rien d'extraordinaire, un montage parfois trop brut et une histoire qui tourne en rond dans la deuxième partie du film. Tout ceci empêche le film d'atteindre un certain statut auquel il aurait pu prétendre.

Dallas buyers club est un film portant sur un sujet fort et poignant, l'appréhension d'un homme face au virus du SIDA dans une Amérique profonde gorgée de préjugés et sa lutte contre les autorités et les laboratoires pharmaceutiques qui imposent des produits pourtant mortels aux patients. Ce long-métrage suit l'évolution personnelle de l'immense Matthew McConaughey et son combat de tous les instants pour survivre puis aider les autres. Refusant de tomber dans le pathos, le réalisateur multiplie malheureusement les ellipses hasardeuses et s'enlise quelque peu dans son histoire par moment mais la performance de ses acteurs et la force du propos parviennent à hisser le film au-dessus de tout cela.

Les + :

• Matthew McConaughey
• Un sujet traité sans sensationnaliste

Les - :

• Défauts handicapants de réalisation
• Un scénario répétitif par moment

Note : 7 /10