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30 janvier 2014 4 30 /01 /janvier /2014 13:18

12-years.jpg

Réalisé par Steve McQueen, 2014

Durée : 02h13

 

Un an après le dernier Tarantino Django Unchained et quelques mois après Le majordome, Hollywood nous propose un troisième gros film traitant de l'esclavage des noirs américains. Ce pan de l'Histoire des Etats-Unis est longtemps resté (tout comme le génocide pratiqué sur les Indiens) un sujet tabou au cinéma. A l'exception de quelques oeuvres comme La couleur pourpre de Spielberg rares sont les films qui traitent de l'esclavage sur le sol américain. C'est donc une bonne chose que l'industrie hollywoodienne se penche sur ce sujet, d'autant plus que cela porte ses fruits durant les Oscars (2 statuettes pour Django Unchained en 2013 et pas moins de 9 nominations pour 12 years a slave cette année).

12 years a slave aborde le thème de l'esclavage à travers les yeux de Solomon Northup qui a la particularité d'avoir mené une vie de "gentilhomme" avant de se faire livrer à des esclavagiste dans le sud des Etats-Unis. Durant ces 12 longues années il va subir tout ce que le racisme et l'esclavagisme peuvent produire de pire : l'humiliation, les sévices corporels et mentaux, le travail forcé etc.. Une véritable déshumanisation qui réduit les humains à l'état d'objets. A ce niveau le réalisateur Steve McQueen ne prend pas de gants, il souhaite montrer l'horreur de ces pratiques sans artifices ni censure. Certaines scènes sont en conséquence particulièrement éprouvantes de brutalité et de violence brute. Le réalisateur hésite sans cesse entre montrer l'horreur de façon assez intimiste et rentrer dans un film plus "grand public", plus formaté et taillé pour les Oscars. Ceci a pour principal défaut de proposer une ambiance très hétérogène et assez troublante pour le spectateur. Cette sensation particulière est fortement accentuée par une mise en scène à la fois inventive et lourde. Steve McQueen use et abuse des plans fixes à tel point que cela plombe totalement le rythme déjà relativement lent de l'ensemble. Ces plans se veulent principalement esthétiques ou transitoires mais leur trop grand nombre et leur longueur en font presque de petites scènes qui, il faut bien le dire, ne servent pas à grand-chose. Quelques effets de "mix" sonores entre des séquences sont aussi particulièrement désagréables. Un dernier mot concernant la bande son composée par M. Hans Zimmer. Là aussi on alterne avec le très bon (une partition douce en fil rouge rappelant fortement l'un des thèmes principaux d'Inception) et le nettement moins bon par moment avec une musique assourdissante et totalement en décalage avec le film.

Cela dit, 12 years a slave se veut avant tout être un pamphlet dénonçant les atrocités de l'esclavagisme et le film atteint pleinement son but. On ne peut rester indifférent devant ce déchainement de haine et le spectateur partage totalement la souffrance du personnage principal campé par Chiwetel Ejiofor. A ses côtés le casting est une pure réussite : Paul Giamatti, Benedict Cumberbatch et Paul Dano sont tous impeccables. Mais celui qui crève littéralement l'écran se nomme Michael Fassbender, l'acteur fétiche de McQueen (déjà tête d'affiche de ses deux premiers films, Hunger et Shame). Sa prestation de maitre-esclavagiste est sidérante, à mi-chemin entre la cruauté, le sadisme et la folie. Si impressionnante qu'il éclipse totalement Chiwetel Ejiofor dans la deuxième partie du film. Seul le personnage de Brad Pitt (minime certes mais ô combien important pour le récit) est purement raté. Il apparait comme un cheveu sur la soupe, tel un ange tombé du ciel et cela sonne faux dans la progression de l'histoire. Enfin nous pouvons regretter que le film se focalise uniquement sur la cruauté des esclavagistes et n'apporte finalement pas d'explications sur les origines et les causes de ce phénomène aux Etats-Unis.

12-years-2.jpg

12 years a slave est un film taillé pour les Oscars avec les avantages et les inconvénients que cela comporte. Traitant d'un sujet difficile mais qui nécessite un vrai traitement à Hollywood, ce film nous plonge de façon très directe et crue dans les atrocités de l'esclavage. Grâce à un bon casting, une performance incroyable de Michael Fassbender et une très belle photographie, cette oeuvre touche sans difficulté le spectateur. Cela dit, la mise en scène hésitante, l'usage trop abusif des plans fixes et d'autres détails pénibles nuisent au bon déroulement du récit et donnent un ton naviguant sans cesse entre film intimiste et grande production hollywoodienne. 12 years a slave est un bon film, un film utile sur un sujet qui ne doit pas tomber aux oubliettes mais ce n'est pas le grand film annoncé.

Les + :

  • Michael Fassbender, stupéfiant
  • La reconstitution historique

Les - :

  • Mise en scène douteuse
  • Une fin (avec le personnage de Brad Pitt) expédiée

Note : 6,5 / 10

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